RDC : Kinshasa croule sous les immondices, un élu local s’indigne!

Dans les années 1960, après les indépendances, les congolais appelaient leur capitale « Kin-la-belle », « Poto moindo » (L’Europe noire). Aujourd’hui, tous ces surnoms sont oubliés, la capitale de la République démocratique du Congo est devenue un vaste dépotoir où les rats se disputent les déchets ménagers avec les moustiques et autres nuisibles, au grand dam des kinois, dépités.

L’affaire avait en son temps jeté un froid entre l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo et le gouverneur de la ville, André Kimbuta Yango. La gestion de l’assainissement de la capitale Rd Congolaise, une affaire juteuse de plusieurs millions de dollars Us a fini par énerver un député provincial, qui exige un audit pour avoir la traçabilité de l’argent pris par le Bureau central de coordination (BCECO), au trésor public au nom de la ville de Kinshasa pour l’exécution des travaux d’assainissement dans la capitale.

Kinshasa, centre de collecte des immondices

Selon ce député provincial, rien que pour la seule date du 20 février dernier par exemple, les documents de la Direction du Trésor et d’ordonnancement renseignent que le BCECO a effectué quatre retraits de fonds pour un total de près de 6 millions de dollars américains. Henri Ikota dénonce le fait que cet argent soit dépensé sans que le gouvernement provincial ne soit associé alors que l’assainissement fait partie du domaine exclusif des provinces. « Le domaine de l’environnement, le domaine de l’assainissement, c’est une matière qui est exclusive à la province. Mais lorsque c’est le BCECO qui paie les ONG, on se pose des questions. Je prends un cas, pour la seule commune de la Gombe, 1 million de dollars le mois pour l’assainissement. Alors qu’on me dise quelles sont ces ONG qui font ce travail-là d’un million de dollars par mois à la Gombe pour que Gombe soit aussi insalubre aujourd’hui ! Nous avons vu 6 millions de dollars pour le seul mois de février décaissés par le BCECO en faveur de l’assainissement de la ville de Kinshasa. Mais quand vous allez sur Huileries, vous allez voir des tas d’immondices qui traînent. Partout ailleurs les immondices jonchent la ville », dénonce l’élu de Kinshasa.

L’implication des députés nationaux sollicitée

Henri Itoka demande aussi l’implication des députés nationaux dans ce dossier pour interpeller le ministre des Finances dont dépend le BCECO. « Vous donnez aux gens qui balayent seulement des ensablements et vous prenez des millions alors que nous, nous avons une politique pour 12 millions de dollars le mois pour enlever les ordures dans la ville de Kinshasa, mais l’argent n’arrive pas chez nous. L’assemblée provinciale va initier un contrôle et au BCECO, et au service urbain lié à l’assainissement parce que trop, c’est trop! », lance Henri Itoka.

La question de l’évacuation des décharges publiques dans la ville de Kinshasa avait défrayé la chronique au mois de novembre 2015.
Après le désengagement de l’Union européenne du projet d’assainissement de la ville de Kinshasa en août 2015, les immondices s’étaient entassées dans les décharges publiques. Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, avait évoqué des problèmes financiers pour évacuer les poubelles. Selon lui, le gouvernement central avait pris l’engagement de financer à hauteur de 800 000 dollars américains par mois les travaux d’évacuation et d’enfouissement de ces immondices durant une année. Ce qui n’aurait pas été fait à l’époque. De son côté, la primature sous Matata Ponyo, à travers un communiqué, avait indiqué que cette tâche revient plutôt au gouvernement provincial de Kinshasa.

Kinshasa Panneau de l’Union Européenne pour l’assainissement de la ville

En attendant, orpheline d’une politique de gestion appropriée, « Poto moindo » est à la merci des rats et autres nuisibles, tremblant de voir une épidémie l’achever…

 

 

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